• Les adaptations cinématographiques (Part 2)

     Voici la suite, et la fin, de l'article sur les adaptations d'oeuvres littéraires, ou en tout cas écrites, au cinéma. Nous sommes arrivés à la conclusion que le support de l’œuvre original ne présageait pas à lui seul l’adaptation. En fin de compte, c’est bien la relecture du réalisateur qui entre en ligne de compte. Mais alors, peut être faut-il regarder du côté de l’univers en place ? Parions qu’un univers creux donnera un film qui ne l’est pas moins ?

     

     

     

    Un univers déterminant ?

     

    Le défi SteampunkEn effet, on pourrait être tenté de penser que plus l’œuvre originale présente de ramifications, de personnages, une richesse historique propre, parfois des langues, etc., plus le réalisateur aura pour lui des outils précieux. Je pense à la trilogie de Tolkien portée à l’écran. Mais ce n’est pas le seul. Est-ce qu’on peut penser à Harry Potter ? Je n’ai subi que les films sans avoir lu les livres, personnellement. Je ne vais pas m’aventurer sur le terrain mais manifestement certains y trouvent leur compte.

     

    Sans parler nécessairement de grandes fresques, d’autres œuvres riches par les détails insufflés par l’auteur connaissent des adaptations heureuses. J’ai parlé déjà de Watchmen bien qu’Alan Moore refuse encore d’apparaitre au générique. Citons les adaptations nombreuses de l’œuvre la plus célèbre de Bram Stocker : Dracula. Certes, ces derniers temps, on grince des dents lorsque les vampires sont évoqués. Quand bien même, la performance de Bela Lugosi et la version proposée par Coppola valent le détour. Sans parler des plus anciens Nosferatu. Dans un tout autre registre, et bien plus proches de nous, les adaptations de la Trilogie Millenium sont parvenues à rendre bien que très partiellement la richesse du matériau de base. Pour en finir avec le names droping, le roman de Cormac Mc Carthy, La route, était bien difficile à mettre en image. Peu de personnages, peu de décors, peu de trame. Et pourtant une ambiance, un univers lourd et pesant. Et, voilà ! Le film parvient à en rendre compte, même partiellement. La force de l’univers ? Sans doute.

     

    Manifestement, un travail prémâché aide. Parfois, le réalisateur ne sembleLe défi Steampunk pouvoir s’accomplir qu’au travers de ces adaptations. J’en veux pour preuve le dernier film de Snyder. Or, parfois un bon matériau de base ne suffit pas…

     

    Malgré son univers haut en couleur, les quelques adaptations du Gentleman Cambrioleur laissent un goût amer. Aucun réalisateur n’est encore parvenu à rendre compte de la subtilité du personnage sans verser dans la mièvrerie ou la facilité. Je n’ai pas lu Le Parfum de Suskind mais il semble que le passage au grand écran trahit l’œuvre originale en la cantonnant à un univers bien terne. Enfin, j’ai une pensée pour Boris Vian et un de ses romans majeurs : J’irai cracher sur vos tombes, dont l’adaptation ne rend absolument pas compte du souffre et des sous-entendus permanents du livre.

     

    Hélas parfois, et semble-t-il davantage aujourd'hui, les adaptations d’œuvres papiers laissent un goût de marketing au travers de la gorge. La plupart sont rentables, même les plus mauvaises. On n’attend plus avant de voir le succès du moment porté au grand écran, puis dans nos salons. Combien de fois certains découvrent d’abord un film avant d’apprendre qu’il s’agit d’une adaptation ? Il me semble qu’il y a peu de temps encore, c’était parfois l’inverse.

    Ne faisons pas la fine bouche. Il y a aussi parfois de bonnes surprises. Certes le réalisateur prend des libertés. Mais cette manœuvre est quelques fois réussie. Lorsque l’univers est trop grand, autant faire des choix. Autant qu’ils soient cohérents et que le film puisse se tenir. Pour conclure cette récréation qui, je l’espère, aura suscitée quelques envies, voici la troisième intuition.

     

    L’adaptation : bonne pour elle même ?

     

    Le défi SteampunkEt si l’adaptation cinématographique ne prenait son sens qu’en tant que film à part entière. Effectivement, lorsque nous nous rendons compte qu’il s’agit d’une œuvre préexistante, les comparaisons fusent. Le réalisateur a-t-il respecté tel détail, tel nom, tel grain de beauté ?! Non ? Brûlons la sorcière !

    Pardons, je m’emporte. Il faut dire que vous lirez ce billet bien après l’heure de son écriture, mais ceci est une autre histoire.

     

    Parfois, il vaut donc mieux ne pas savoir ou, à défaut, faire comme si. Car certains sont intègres et veulent manifestement bien faire. Par exemple, si on était parvenu à faire abstraction de l’œuvre originale malgré ses effets d’annonce, on se serait rendu compte que dans Alice… de Burton, l’histoire originale et celle-ci ne se passent pas au même moment. Aussi, est ce une adaptation ou la reprise d’un univers ? Certes, ça ne fait pas forcément office d'excuse. Par exemple, malgré ce qu’on en pense par ailleurs, la saga Les chroniques des vampires d'Anne Rice est incroyablement riche en relations complexes entre des personnages pluri-centenaires. Les deux adaptations sont plus ou moins honnêtes si on fait exception des choix parfois tendancieux. Il y en aurait tant d’autres.

    Parfois encore, les réalisateurs font un choix judicieux pour s’affranchir de l’œuvre original : le changement de nom. Difficile pour un non initié d’y voir l’œuvre originale même si le lecteur ne s’y trompe pas souvent. Ainsi, Philip K Dick a fournit Hollywood. Comme l’a suggéré Lord Orkan, dans l’éventualité d’un futur challenge, je ne vais pas en dire plus. Il faut bien qu’il vous en reste ! Fouillez ce blog, je n’ai pas tout cité !

     

    J’en oublie, sciemment ou non. Mais pour conclure par une phrase simple, un livre est un livre, et un film un film. Chacun présente des caractéristiques qui ne sont pas compatibles. De la même manière qu’ils peuvent se lire dans une gare ou meubler de longues heures de terrasse, les autres peuvent se regarder distraitement ou quémander toute notre attention. Des fois, le film trahit l’œuvre, parfois s’en approche. Certaines fois, il la sublime ou la réinvente entièrement. L’étrange histoire de Benjamin Button ne tient-elle pas en quelques pages pour, de mémoire, au moins 2h de film ?

     

    Quoi qu’il en soit : lisez beaucoup (à chacun sa dédicace), et regardez des films. Les deux en même temps si ça vous chante.

     

    Les Murmures.

     

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 9 Juin 2011 à 19:53
    Guillaume44

    Oui, gros dossier, la liste des films et romans est forcément longue !

    2
    Jeudi 9 Juin 2011 à 20:52

    Même tiré d'un bon ou d'un mauvais roman, l'important pour un film reste toujours un problème de mise en scène. Certains réalisateurs se contentent bien souvent d'un simple copier/coller qui, budget aidant, donne un resultat plutôt honnête (je pense bien sûr aux deux premiers HP). Par contre, un réalisateur visionnaire pourra aisément transcender une oeuvre (je pense qu'un réalisateur tel que Fincher pourra amener quelque chose en plus au remake qu'il est en train de faire de Millenium). A contrario, d'autres ont été un peu dépassés par l'oeuvre de départ (je pense à un Lynch, que je place en tête de mes réalisateurs préférés, qui a sombré un peu en faisant Dune ; la pire expérience pour lui, un film dont il s'est senti totalement dépossédé par les studios)

    Chantiers en cours ou en préparation : World War Z, Dune (remake), Fondation, et La Horde du Contrevent bien sûr...

    A.C.

    3
    Jeudi 16 Juin 2011 à 19:03

    Je repensais à ça hier soir parce que je suis en train de lire le roman Bilbo le Hobbit à ma fille, il y a bien sûr l'adaptation qui vient juste de démarrer, et qui devrait sortir pour Noël 2012. A suivre...

    A.C.

    P.S. : si vous avez des infos, n'hésitez surtout pas à nous en faire part.

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