• La route, de Cormac Mc Carthy

    Un cataclysme inconnu a dévasté le monde. Des incendies géants ravagent les villes et les campagnes tandis que la faune a disparu. Ce qui ressemble à un hiver nucléaire masque en permanence le soleil et des cendres recouvrent le paysage. L'humanité a presque disparu, les quelques survivants se terrent tels des bêtes ou, ayant apparemment régressé, pratiquent le meurtre et le cannibalisme.

    Dans ce décor apocalyptique, deux êtres humains, un adulte et un enfant, errent en direction du sud, leurs maigres possessions rassemblées dans un chariot de supermarché et des sacs à dos...

    Fantasy au Petit-DéjeunerAu moment de baptiser son œuvre, Cormac Mc Carthy a été inspiré. C’est le moins que l’on puisse dire. La route, en tant que personnage, y occupe un rôle à part entière.

    En effet, on peut prendre ce roman de plusieurs façons, selon nos sensibilités. J’en retiendrai deux.

    Il y a d’une part ces deux êtres, un homme adulte et un petit garçon. Cette différence d’âge est la seule chose qui les différencie à priori. La nature des liens qui les unit n’est pas évoquée explicitement par l’auteur. C’est bien nous, lecteurs et lectrices, qui les interprétons père et fils.

    Dans La route, c’est bien sûr cette relation qui attire l’attention. Celle filiale et paternelle, se protégeant mutuellement contre un monde devenu hostile à l’être humain, pour des raisons que nous ignorons. Les divers accessoires marquant le périple des protagonistes (caddies, donc supermarchés, revolver et voitures, notamment) nous situe dans un monde contemporain au notre, ou presque. C’est par ailleurs cette relation forte qui apparait comme une source de salut à de nombreuses reprises face à des dangers autant physiques que psychologiques.

    L’univers apocalyptique que décrit l’auteur est à l’image de son écriture : sans ambiguïté, simple et efficace, tendue et spontanée. Cormac Mac Carthy nous expose toutes les gammes des sentiments possibles. C’est aussi ce style qui rend la route bien vivante. Car c’est bien la description de ce personnage non vivant à priori, qui est central selon moi. Alors que les actions qui s’y passent ne sont pas légions, j’ai le sentiment qu’elle est le symbole de quelque chose dépassant ces deux êtres humains.

    La route est bien un roman initiatique. C’est ce parcours linéaire, ou plutôt continue, qui forme l’enfant, le faisant traverser la palette des sentiments humains. Il traverse tour à tour l’espoir et l’amour, la colère, la peur, la complexité des décisions paradoxales, l’angoisse, la lassitude, jusqu’à finalement réapprendre la vie en société.

    Je ne dévoilerai pas la fin. Et je ne l’ai même pas évoquée. Vous verrez que la réalité de l’œuvre est encore plus riche.

    note : 

     

    Les Murmures.

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  • Commentaires

    1
    Samedi 11 Décembre 2010 à 21:09

    Encore une preuve que j'ai bien fait de t'ouvrir ce blog ! Pour avoir lu le livre, je retrouve tout à fait mon ressenti dans ton article.

    A.C.

    2
    Les-murmures
    Samedi 11 Décembre 2010 à 21:27

    Je crois que mon ego va être assez flatté pour un bout de temps

    Mais c'est en l'écrivant, cette chronique, que je me suis rendu compte de pas mal de choses sur ce livre. Je crois que c'est le webzine Buzz qui le classe dans les livres "cultes" et je pense que c'est tout à fait justifié.

    Par contre je n'ai rien lu d'autre de cet auteur...

    3
    Samedi 11 Décembre 2010 à 21:46

    J'ai lu, dans un tout autre genre mais toujours avec ce style épuré et âpre, No country for Old Men. Livre magnifique, magistralement adapté pour le grand écran par les frères Coen. Je conseille d'ailleurs les deux (livre, puis film).

    A.C.

    4
    Les-murmures
    Samedi 11 Décembre 2010 à 21:59

    No country for old men. J'en ai entendu énormément de bien. L'occasion fait le laron comme on dit...

    5
    Dimanche 12 Décembre 2010 à 14:53

    Voilà un article qui donne envie de découvrir ! j'aime bien ce genre de roman en général et en plus, l'article est très bien écrit !

    6
    Les-murmures
    Dimanche 12 Décembre 2010 à 15:03

    Ca, c'est du compliment !

    7
    Astartee
    Lundi 20 Décembre 2010 à 10:19

    de mon côté, j'ai aussi ressenti cet aspect "voyage initiatique" avec le petit. J'ai aussi vu la relation entre l'homme et la nature: on voit énormément d'oeuvres qui décrivent la survie de la nature après un cataclysme qui a éteint ou modifié l'espèce humaine, là c'est le contraire. La nature est morte, et on voit une relation de dépendance entre la survie de la nature et la survie de l'homme. C'est une fable contre-écologique pour moi ^_^

    (et moi non plus je donnerai pas la fin)

    8
    Lundi 20 Décembre 2010 à 10:48

    Je ne voyais pas cela comme une fable contre-écologique...

    Par contre, comme on ne sait rien de la nature exacte du cataclysme, on ne sait pas trop ce qui arrive à la nature, justement. Je trouve tout de même assez étrange que les arbres meurent. Mais bon, je ne crois pas que McCarthy ait cherché le réalisme. Le post-apo n'est pas une fin en soi, c'est juste un prétexte pour lui à une magnifique histoire. Et là, c'est réussi !

    A.C.

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