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Au moment de baptiser son œuvre, Cormac Mc Carthy a été inspiré. C’est le moins que l’on puisse dire. La route, en tant que personnage, y occupe un rôle à part entière.
En effet, on peut prendre ce roman de plusieurs façons, selon nos sensibilités. J’en retiendrai deux.
Il y a d’une part ces deux êtres, un homme adulte et un petit garçon. Cette différence d’âge est la seule chose qui les différencie à priori. La nature des liens qui les unit n’est pas évoquée explicitement par l’auteur. C’est bien nous, lecteurs et lectrices, qui les interprétons père et fils.
Dans La route, c’est bien sûr cette relation qui attire l’attention. Celle filiale et paternelle, se protégeant mutuellement contre un monde devenu hostile à l’être humain, pour des raisons que nous ignorons. Les divers accessoires marquant le périple des protagonistes (caddies, donc supermarchés, revolver et voitures, notamment) nous situe dans un monde contemporain au notre, ou presque. C’est par ailleurs cette relation forte qui apparait comme une source de salut à de nombreuses reprises face à des dangers autant physiques que psychologiques.
L’univers apocalyptique que décrit l’auteur est à l’image de son écriture : sans ambiguïté, simple et efficace, tendue et spontanée. Cormac Mac Carthy nous expose toutes les gammes des sentiments possibles. C’est aussi ce style qui rend la route bien vivante. Car c’est bien la description de ce personnage non vivant à priori, qui est central selon moi. Alors que les actions qui s’y passent ne sont pas légions, j’ai le sentiment qu’elle est le symbole de quelque chose dépassant ces deux êtres humains.
La route est bien un roman initiatique. C’est ce parcours linéaire, ou plutôt continue, qui forme l’enfant, le faisant traverser la palette des sentiments humains. Il traverse tour à tour l’espoir et l’amour, la colère, la peur, la complexité des décisions paradoxales, l’angoisse, la lassitude, jusqu’à finalement réapprendre la vie en société.
Je ne dévoilerai pas la fin. Et je ne l’ai même pas évoquée. Vous verrez que la réalité de l’œuvre est encore plus riche.
note :
Les Murmures.