Où l'on parle de littérature et de cinéma en toute convivialité...
Au sommaire de ce numéro 62 de Bifrost, juste après le long éditorial d'Olivier Girard qui nous fait un petit historique de la revue (créée en 1996), nous avons tout d'abord droit à deux nouvelles là encore bien différentes l'une de l'autre.
Tout d'abord, il y a la longue nouvelle de 66 pages que nous propose l'écrivain américain Mike Resnick, Kilimandjaro. Au travers les yeux d'un historien, il nous narre les affres d'une utopie masaï sur un planétoïde loin de la Terre. Même si ce récit se lit avec une aisance incroyable, surtout grâce à cette plume magnifique et un art de conter le quotidien tout à fait remarquable, on a au final qu'un catalogue vain de problèmes résolus au fur et à mesure qu'ils se présentent. En plus, comme il est dit noir sur blanc que le seul modèle viable dans cette société reste le capitalisme, on peut raisonnablement se demander où réside l'utopie dans tout ça... Bref, un très bon moment de lecture à la fin de laquelle il ne reste pas grand-chose.
Le deuxième texte est l'oeuvre d'un petit nouveau, Thomas Day. Blague à part, la liste de ses nouvelles parues dans Bifrost depuis quinze ans indique que celle-ci est la treizième. Pas mal, non ? On pourrait croire que comme l'écrivain est aussi un collaborateur très actif de la revue, il a trouvé là un bon moyen de refourguer une partie de sa production au rabais. Eh bien, à en croire la qualité de son Nous sommes les violeurs, on peut tout de suite dire qu'il n'en est rien. Bien au contraire. On sort totalement vidé de la lecture de cette nouvelle de quatorze pages, à l'écriture aussi ciselée que percutante. Un bijou à ne surtout pas manquer.
Ensuite, vient un copieux cahier critique de presque cinquante pages qui passe au crible romans, revues, mais aussi des essais qui tournent autour des littératures et du cinéma de genre. *(ouverture de parenthèse, je raconte ma vie :) A titre personnel, je dois confesser ici une certaine satisfaction car ce n'est pas moins de six livres chroniqués dans ces pages qui sont en ma possession. Pour une fois, j'ai vraiment l'impression d'être dans le présent et je peux vous dire que ça fait du bien (parenthèse fermée)*
Puis vient le dossier sur Jacques Goimard. A présent à la retraite, cet homme issu d'une petite ville de province a fait partie des pionniers de l'édition de science-fiction française. Le dossier revient donc sur le parcours d'une vie bien remplie, et sur cinquante années passées dans l'amour de la littérature de genre. Mais on sent quand même chez ce grand monsieur une intransigeance envers lui-même et une profonde amertume envers tout ceux qui l'ont côtoyé. Il semble ne garder des amis que parmi les écrivains.
Dans sa rubrique Scientifiction, Roland Lehoucq nous révèle pourquoi l'espace est noir.
Et enfin, dans l'ultime rubrique de ce numéro, Org revient, entre autres choses, sur les Razzies qui ont fait tant de bruit dans le microcosme SFFF en ce début d'année.
En conclusion, un nouveau numéro de Bifrost à découvrir d'urgence si ce n'est pas déjà fait.
note :
A.C. de Haenne