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L'interview de Raoul Abdaloff (3/3)
Me voilà donc pour vous offrir la fin de cette passionnante interview...
A.C. de Haenne : Quel est ton plus beau souvenir lors d'une interview ?
Raoul Abdaloff : Mélanie Fazi, sans doute, qui me regarde d’un oeil inquiet quand je commence par “Mélanie Fazi bonjour, vous êtes une femme et c’est bien”.
A.C. : Et le pire ?
R.A. : Le même.
A.C. : As-tu eu des propositions de la part d'une radio nationale pour faire la même émission, ou une qui lui ressemble ?
R.A. : Ah ah ah.
A.C. : Qu'apprécies-tu dans le médium radiophonique ?
R.A. : L’absence d’images. Le temps. Mais en fait, c’est un leurre. La radio est aussi formatée que la télé. FPP va à contre-courant. Cette radio n’est pas commerciale et n’a pas de contraintes budgétaires (autres que survivre, années après années). On fonctionne sans publicité. La liberté est totale. Quel autre média peut se permettre d’offrir ça à l’heure actuelle ? On mesure mal à quel point les radios associatives sont utiles, de ce point de vue-là. Bordéliques, sans doute, médiocres en qualité sonore etc etc., mais libres. Et ça fait pas mal de différences.
A.C. : Peux-tu nous donner un aperçu des conditions d'enregistrement de l'émission ?
R.A. : Catastrophiques. Une table de mixage, trois ou quatre micros, un ordinateur, un iPod, le tout sur une table basse dans un minuscule bar à vin du 12ème arrondissement, à Paris, tous les mardi. Parfois, c’est miraculeux. Parfois, il n’y a personne. Parfois, il y a du monde, mais personne n’est venu pour l’émission et tout le monde s’en fout.
A.C. : As-tu un ou plusieurs scoop pour les lecteurs du Blog de A.C. de Hænne ?
R.A. : Peu, très peu. Un truc sur Baroin, mais c’est trop énorme, ça peut nous péter à la gueule à tout moment. Rapport à ses cheveux. Non, n’insiste pas.
A.C. : Avant de te laisser le mot de la fin, j'ai une dernière question à te poser, Raoul : qu'est-ce que Jean-Paul Chevénement t'a fait ?
R.A. : Jean-Didier Chevènement est mort. Et il a ressuscité. On en parlera encore dans deux mille ans. J’essaie d’être à l’avant-garde.
A.C. : Et le mot de la fin est pour toi :
R.A. : Indignez-vous. Non, je déconne. Retournez bosser.
Je ne sais pas pour vous, mais moi j'ai beaucoup ri. Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin. Cependant, ne soyez pas triste car vous pouvez toujours retrouver le grand, que dis-je, l'immense Raoul Abdaloff (ainsi que la famille Abdaloff au grand complet) en écoutant toutes les semaines l'excellente émission Salle 101. Et n'hésitez surtout pas à répondre au sondage, histoire de montrer à Raoul qu'on est nombreux à l'écouter religieusement professer ses... imbécilités ?
A.C. de Haenne
P.S. : " - Camarade officier ! cria-t-il. Vous n'allez pas me conduire là ? Est-ce que je ne vous ai pas déjà tout dit ? Que voulez-vous savoir d'autre ? Il n'y a rien que je ne veuille vous confesser, rien ! Dites-moi seulement ce que vous voulez, je le confesserai tout de suite ! Ecrivez-le et je signerai n'importe quoi ! Pas la salle 101 !
- Salle 101, répéta l'officier." 1984, George Orwell.
Tags : raoul, c’est, abdaloff, fin, interview
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Commentaires
3ChicxulubDimanche 6 Mars 2011 à 23:06Sans publicité, la radio ? Bien sûr que non. "Cette" radio est sans publicité. De même que sur Internet, il y a des sites avec publicité et d'autres sans.
Celle-là et d'autres (France Culture par exemple)... Mais je suis d'accord avec toi, il y a beaucoup de lieux sans publicité sur l'Internet (heureusement). Et c'est bien grâce à ce medium que je peux écouter la Salle 101 (via iTunes).
En fait, ce que voulait dire Raoul,à mon avis, c'est qu'il trouve dans la radio la liberté de dire ce qu'il veut, parce que c'est sûrement moins formaté qu'ailleurs.
A.C.
5Les-murmuresLundi 7 Mars 2011 à 07:02Oui, le fait d'être contraint par des partenaires pub limite dans un certain sens la liberté. N'importe quel média y est soumis. Surtout que l'ampleur de la diffusion du média (un gros site web ou une radio de grande écoute) va souvent de pair avec ces problématiques. Pour bien fonctionner, être stable techniquement, la pub est vite nécessaire pour remplir les caisses et assurer la pérennité du machin. Et puis, les médias, surtout les plus gros poissons, reposent aussi sur leur audience. Si le public fuit, la raison d'être de l'émission et de la publicité qui y est attaché est questionnée. Donc effectivement, plus que la pub, c'est la démarche de l'émission qui compte. Comme les journaux indé sans pub, les sites internet underground ou les radios indés comme Salle 101.
Après, moi je trouve que ce qui est plus répendu, c'est surtout l'auto-censure. Ce n'est pas tant la pub ou l'absence de pub qui contraignent que les limites qu'on s'impose nous même. Ce qu'on se sent autorisé/capable de dire. Et ça, pub ou pas pub...
Merci à toi pour ce petit entretien. Raoul est égal à lui même. En espérant que la Salle 101 nous donne encore dfe très très longue années de bonheur.
7scifictifLundi 7 Mars 2011 à 10:37Auteur, traducteur, photographe/illustrateur, critique, bêta-lecteur pour LdE, animateur radio, intervieweur, pilier du Cafard, ex-razzieur et ex-razzié (what else ?)... Etonnant ce Raoul.
Loués soient Alice et Raoul Abdaloff et longue vie à la salle 101 !
Faudrait que j'aille à un enregistrement un jour tout de même. Merci pour cette interview :)
Avec grand plaisir ! Tu es l'instigatrice de cette interview, tout de même !
Si jamais tu y vas, n'hésite pas à revenir par ici pour nous faire part de ton expérience.
A.C.
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Raoul affirme : "On fonctionne sans publicité. La liberté est totale. Quel autre média peut se permettre d’offrir ça à l’heure actuelle ?"
Chicxulub répond: Internet...