• Julia & Roem, de Enki Bilal

    Après le « coup de sang » environnemental dont Animal’z relatait l’impact tragique et dévastateur, la planète s’apaise et se recompose, les survivants réapprennent à s’organiser. Dans cette géographie chamboulée, des déserts ont surgi. Et c’est au cœur de l’un d’entre eux, bien improbablement situé à l’emplacement de la mer Baltique, que l’on suit la trace d’un ex-aumônier militaire énigmatique, installé au volant d’une Ferrari électrique lancée à plein régime. Trois personnages vont croiser sa route : deux jeunes hommes qu’il sauve in extremis de la mort par déshydratation, et un rapace blessé par balle, dont il répare l’aile cassée…

    Le défi Steampunk


     

     

    Ce que je croyais au départ un one-shot était en réalité le premier volet d’une trilogie dont Julia & Le défi SteampunkRoem est le second opus. Certes, il n’y a pas vraiment de lien entre les deux histoires que nous propose Enki Bilal si c’est l’état de la Terre après son « coup de sang » et quelques clins d’œil (le projet d’un des personnages d’aller vers le nord avec les ours et les pingouins). On appréciera aussi des références évidentes à ses autres BD. En tout cas, moi, elles me crèvent les yeux. La couverture déjà me rappelle énormément certaines planches du Sommeil du Monstre quand une planche de cette BD, je vous laisse deviner laquelle, me fait penser à la Trilogie Nicopole.

    Point de vue scénario, Bilal reprend le gros de l’intrigue de Roméo et Juliette de William Shakespeare. Jusqu’à le citer allégrement au grand dam des personnages eux-mêmes. Sauf qu’ici, Roméo et Juliette ne meurent pas. Au contraire, comme si l’Amour était la clef dans ce monde désolé, ils sont bien saufs et reprennent la route. Message d’espoir en l’avenir s’il en est. Or, Bilal nous a habitués à mieux et, surtout, à moins consensuel. Ceci dit, l’intrigue même connue est plutôt bien amenée. Toutes les premières pages sont même agréables. Deux jeunes gens sauvés in extremis perdu sur la route sont sauvés par un aumônier à l’équipement sophistiqué. Une bâtisse perdue au milieu d’un désert où auparavant la mer prenait place abrite une famille bien étrange. Et voilà les protagonistes en place. Et ça s’enchaine, et ça s’enchaine. Tout est bien huilé. Je dirais en fait un peu trop. Julia & Roem reprend ce ton faussement bavard et faussement simple de Animal’Z. L’histoire d’amour est finalement un prétexte. Comme si toute la BD en était un. Du moins, on a du mal à s’empêcher d’y penser quand on sait qu’il y aura un troisième volume même si ce n’est pas précisé explicitement dans le livre.

    Graphiquement, c’est toujours aussi sombre et minimaliste. Nous avons peu de décors. Pour ne pas dire qu’il n’y en a pas. Même la bâtisse est peu détaillée. Toutes les cases ont le même ton graphique à quelques détails près. Comme un symbole, les moyens de transport ressortent. La voiture qui conduit l’aumônier, l’hélicoptère, sont des personnages à part entière. Encore une fois, les quelques « survivants » sont au cœur de cet univers. Le reste n’existe plus de toute façon…Cependant, je n’y retrouve pas toujours le charme ou la force post apocalyptique de Animal’Z en dépit de très belles planches.

    Bien sûr, c’est Bilal. On a les ingrédients du bonhomme. Mais il choisit de dérouter. J’ai plus de mal à adhérer à celui là. Mais je reste curieux de découvrir le fin mot de ce Coup de sang et le relirai sans hésiter à ce moment. Quelque part, c’est déjà une réussite. Réussir, avec peu d’outils, à créer une ambiance et à maintenir le lecteur même si cet essai là n’est pas forcément transformé.

     

    Note :

     

    Les Murmures.

     

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  • Commentaires

    1
    Samedi 7 Mai 2011 à 12:48

    C'est dommage que tu dises que cette BD n'est pas la meilleure de Bilal, car ta chronique donne très envie de la lire. C'est pour le moins intriguant.

    A.C.

    2
    Les-murmures
    Samedi 7 Mai 2011 à 13:40

    Alors mon objectif est rempli. Car effectivement je la trouve intriguante. Mais depuis un moment je trouve que Bilal prend un peu à contre pied son lectorat tout en gardant son emprunte. Mais une fois la trilogie achevée, rien ne dit que je ne reverrai pas ma note. Par contre, entrer dans son oeuvre avec cette BD en particulier, je ne conseillerais pas.

    3
    Samedi 7 Mai 2011 à 13:47

    Oui, il est indéniable que Bilal a un style à part. Mais peut-être s'est-il un peu embourgeoisé ?

    A.C.

    4
    Les-murmures
    Samedi 7 Mai 2011 à 13:52

    Peut être oui. Il a perdu ce côté violent qui était sous jacent dans ses deux autres sagas solo. C'est plus convenu je trouve. Par contre je trouve dommage qu'il reste dans la facilité comme ça. Même si celle ci est atypique, comme AnimalZ), ça reste une BD classique de Bilal. Donc ça va se vendre.

    Par contre, il a fait récemment un vrai roman graphique. Une histoire illustrée par ses soins à mi chemin entre la photo et sa peinture. Un polar au format atypique pour une BD. Et là, je trouve qu'il sort du lot. C'est dommage que je ne l'ai plus sous la main mais j'en reparlerai surement.

    5
    Samedi 7 Mai 2011 à 13:55

    Ah oui, avec plaisir !

    A.C.

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