• Bifrost n°62 : Jacques Goimard

    Alors que le numéro 63 sera consacré à l'un des grands maîtres de la SF mondiale, Franck Herbert, la revue des mondes de l'imaginaire s'est penchée sur l'un des piliers de l'édition de genre française, aujourd'hui à la retraite, Jacques Goimard...

    L'homme des jeuxAu sommaire de ce numéro 62 de Bifrost, juste après le long éditorial d'Olivier Girard qui nous fait un petit historique de la revue (créée en 1996), nous avons tout d'abord droit à deux nouvelles là encore bien différentes l'une de l'autre. 

    Tout d'abord, il y a la longue nouvelle de 66 pages que nous propose l'écrivain américain Mike Resnick, Kilimandjaro. Au travers les yeux d'un historien, il nous narre les affres d'une utopie masaï sur un planétoïde loin de la Terre. Même si ce récit se lit avec une aisance incroyable, surtout grâce à cette plume magnifique et un art de conter le quotidien tout à fait remarquable, on a au final qu'un catalogue vain de problèmes résolus au fur et à mesure qu'ils se présentent. En plus, comme il est dit noir sur blanc que le seul modèle viable dans cette société reste le capitalisme, on peut raisonnablement se demander où réside l'utopie dans tout ça... Bref, un très bon moment de lecture à la fin de laquelle il ne reste pas grand-chose.

    Le deuxième texte est l'oeuvre d'un petit nouveau, Thomas Day. Blague à part, la liste de ses nouvelles parues dans Bifrost depuis quinze ans indique que celle-ci est la treizième. Pas mal, non ? On pourrait croire que comme l'écrivain est aussi un collaborateur très actif de la revue, il a trouvé là un bon moyen de refourguer une partie de sa production au rabais. Eh bien, à en croire la qualité de son Nous sommes les violeurs, on peut tout de suite dire qu'il n'en est rien. Bien au contraire. On sort totalement vidé de la lecture de cette nouvelle de quatorze pages, à l'écriture aussi ciselée que percutante. Un bijou à ne surtout pas manquer.

    Ensuite, vient un copieux cahier critique de presque cinquante pages qui passe au crible romans, revues, mais aussi des essais qui tournent autour des littératures et du cinéma de genre. *(ouverture de parenthèse, je raconte ma vie :) A titre personnel, je dois confesser ici une certaine satisfaction car ce n'est pas moins de six livres chroniqués dans ces pages qui sont en ma possession. Pour une fois, j'ai vraiment l'impression d'être dans le présent et je peux vous dire que ça fait du bien (parenthèse fermée)*

    Puis vient le dossier sur Jacques Goimard. A présent à la retraite, cet homme issu d'une petite ville de province a fait partie des pionniers de l'édition de science-fiction française. Le dossier revient donc sur le parcours d'une vie bien remplie, et sur cinquante années passées dans l'amour de la littérature de genre. Mais on sent quand même chez ce grand monsieur une intransigeance envers lui-même et une profonde amertume envers tout ceux qui l'ont côtoyé. Il semble ne garder des amis que parmi les écrivains. 

    Dans sa rubrique Scientifiction, Roland Lehoucq nous révèle pourquoi l'espace est noir.

    Et enfin, dans l'ultime rubrique de ce numéro, Org revient, entre autres choses, sur les Razzies qui ont fait tant de bruit dans le microcosme SFFF en ce début d'année.

    En conclusion, un nouveau numéro de Bifrost à découvrir d'urgence si ce n'est pas déjà fait.

    note : 

    A.C. de Haenne

    CITRIQ

    « La Ligue des Gentlemen Extraordinaires, d'A. Moore et K. O'Neill (dSBD)Grendel, de John Gardner »

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 12 Juin 2011 à 16:28

    Dans ce numéro, j'ai adoré la nouvelle de Gilles Dumay !!! Et en plus, il y a une gentille chronique de mon roman, "Les yeux d'Opale". Je suppose que c'est un de ta PAL. ^^ Bref, un chouette numéro de Bifrost, comme d'habitude. :)

    2
    Dimanche 12 Juin 2011 à 16:37

    Tu veux parler de la nouvelle de Thomas Day, bien sûr ! ;-)

    Oui, je suis en plein dans Les Yeux d'Opale, et même si j'ai dû faire une courte pause, l'intérêt ne faiblit pas.

    Oui, Bifrost demeure ma revue SFFF préférée. A tel point que, même si le thème du prochain numéro ne m'inspire pas plus que ça (je me suis un peu écorché les yeux sur Dune), j'ai quand même hâte de lire ce qu'ils en disent. Et c'est pour ça que je n'ai pas hésité à me réabonner !

    A.C.

    3
    Dimanche 12 Juin 2011 à 18:30

    On se rejoint quant aux critiques des deux nouvelles...

     

    Par contre, t'as pas le droit de dire que tu t'es fait mal aux yeux sur Dune ! Sinon, je te dénonce comme hérétique voire infidèle :) !

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    4
    Dimanche 12 Juin 2011 à 18:48

    Et pourtant... Mais je l'ai lu jusqu'au bout, malgré ma conjonctivite littéraire. Mais quel ennui, par mes Dieux, quel ennui !

    De toute manière, si je n'abjure pas mes propos, tu vas m'envoyer des vers des sables, c'est ça, Muad'Dib ?

    A.C.

    5
    Dimanche 12 Juin 2011 à 18:55

    Il s'agirait d'une mort bien trop rapide ;) ...

    6
    Dimanche 12 Juin 2011 à 19:00

    Non, ne m'envoie pas faire un tour chez le Harkonnens ! Non, pitié...

    A.C.

    7
    Dimanche 12 Juin 2011 à 20:49

    Oups... Oui, oui, Thomas Day. Groumpf, je viens de révéler son identité secrète... :S


    Et tant mieux pour Opale. :)


    Et tu dis que Dune t'as ennuyé ? Non, mais tu es certain que c'est bien Dune que tu as lu ??? C'est l'un de mes livres cultes. J'adore ce bouquin et pratiquement tout ce qu'a écrit Franck Herbert. Et j'ai du mal à me  faire à l'idée qu'on puisse trouver ça ennuyeux... Et pour ce qui est de la torture, y a rien de mieux qu'on bon Gom Jabbar. ^^

    8
    Dimanche 12 Juin 2011 à 21:06

    Oui, c'est bien Dune. Et tu m'en vois vraiment désolé... J'aimerais être comme tout le monde, et avoir adoré. Et je reconnais tout à fait qu'Herbert a su créer un monde riche. J'avais essayé vers dix ans, et j'avais dû lire quelque chose comme... 10 pages ! Bon, j'ai lu le premier tome plus récemment, et je l'ai fini quand même (contrairement aux 2/3 de Dick que je n'ai pas fini...)

    A.C.

    9
    Dimanche 12 Juin 2011 à 23:39

    Ben mince alors... :(

    10
    Dimanche 12 Juin 2011 à 23:43

    Oui, ça arrive. Il doit bien exister des auteurs que tu trouves totalement soporiphique, ou imbuvable ? 

    A.C.

    11
    Lundi 13 Juin 2011 à 10:41

    Tiens moi c'est le contraire, j'ai bien aimé la nouvelle de Resnick qui a un côté très naïf mais c'est ce qui fait toute sa saveur à mes yeux, et qui au moins a une vraie chute (très naïve de nouveau, j'en conviens). Celle de Thomas Day m'a fait l'effet de ces films qui foutent de la violence à l'écran juste pour choquer, je l'ai trouvée assez pointless.

    12
    Lundi 13 Juin 2011 à 11:15

    Je n'ai pas fondamentalement détesté la nouvelle de Resnick. C'est un très bon conteur, et la lecture était des plus agréables. Non, c'est plutôt au niveau de ce qui en reste que ça pêche. Contrairement à celle de T. Day qui continue à nous travailler après lecture...

    Pointless ?

    A.C.

    13
    Lundi 13 Juin 2011 à 11:25

    Je rejoins tout à fait l'avis de A.C. concernant la nouvelle de Resnick. Sans la détester, j'avoue ne pas comprendre pourquoi les gars de Bifrost l'ont montée en épingle...

     

    14
    Lundi 13 Juin 2011 à 12:14

    Peut-être parce que c'était la seule de disponible...

    A.C.

    15
    Mardi 14 Juin 2011 à 10:09

    Oui pointless, intutile quoi. La même critique que tu fais à l'égard de la nouvelle de Resnick en fait, avec laquelle je ne suis pas vraiment d'accord d'ailleurs. Il ne dit pas que le capitalisme est une utopie, au contraire, mais comme le dit Blumlein à la fin que "l'utopie est moins une fin en soit que le combat pour y aboutir" (peu importe que la résultat final soit le capitalisme ou autre chose). Après c'est pas non plus la nouvelle du siècle c'est sûr.

    16
    Mardi 14 Juin 2011 à 22:11

    Maëlig, désolé, mai je ne trouve pas que Day use de violence gratuite (donc inutile). Bien au contraire puisqu'elle n'est que suggérée et qu'elle sert son propos, c'est-à-dire "défendre" la cause des femmes violées en temps de guerre. C'est comme si tu t'insurgeais contre de la violence hors-champ au cinéma. 

    Pour la nouvelle de Resnick, je n'ai pas dit qu'il considérait le capitalisme comme une utopie, mais qu'il considérait ce modèle économique comme seul viable pour accompagner l'utopie qu'il décrit. Nuance.

    A.C.

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