• Toute l'équipe du Blog de A.C. de Haenne vous souhaite un joyeux Noël !

    Fantasy au Petit-Déjeuner

    A.C. de Haenne et Les murmures


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  • Fantasy au Petit-DéjeunerComme je vous en parlais dans cet article, le californien Douglas SunlinFantasy au Petit-Déjeuner est en train de tourner un court-métrage tiré d'une nouvelle de Robert E. Howard, La fille du géant du gel.

    Dans cet article, je vous disais que j'essaierai de faire une interview du réalisateur. Malheureusement, ne me sentant pas capable d'en faire une en anglais, j'ai abandonné l'idée. Ce qui n'est pas le cas de l'équipe des Chroniques Némédiennes, qui vous en propose une, juste ici...

    Bonne lecture !

    A.C. de Haenne


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  • Fantasy au Petit-DéjeunerEn attendant de vous annoncer une surpriseFantasy au Petit-Déjeuner pour, je l'espère très fort, un avenir proche (eh oui, c'est Noël !), je vous invite à revenir sur l'excellent et long papier de Les murmures sur la vision sociologique des genres qui nous intéressent ici. Et pour vous faciliter la lecture, je vous les remets dans l'ordre. Oui, ça se passe comme ça, sur le Blog de A.C. de Haenne !

    Partie 1 : Déviance, ça fait mauvais genre, premier acte, et deuxième acte

    Partie 2 : Relecture sociologique du mythe du Vampire, opus n°1, et opus n°2.

    Bonne lecture !

     

    A.C. de Haenne

    Pour la surprise, des indices se cachent dans cette page...


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  • Voici la suite et fin de mon article sur le mythe du Vampire. J'espère que cette série plus sociologique n'a pas été trop dense à avaler. Je vous remercie pour vos commentaires forts sympathiques en tout cas ! Les murmures.

     

    Quelques grandes lignes particulièrement parlantes.


    Le genre du vampire


    La vision contemporaine du vampire s’appuie essentiellement sur ses adaptations, littéraires et audiovisuelles, du XXème siècle. Je vous Fantasy au Petit-Déjeunerrenvoie d'ors et déjà à l'excellente note du camarade A.C.  sur le dernier numéro de la revue Bifrost, dédié aux suceurs de sang. L’apport du Dracula de Tod Browning, où le compte est incarné par l’inoubliable Bela Lugosi, est indéniable. C’est à partir de cette performance que le mythe du vampire trouvera un écho romantique auprès des contemporains et du grand public. Comme je l’ai évoqué dans la première partie de cet article, cette vision est par ailleurs largement héritée du XIXème siècle occidental. Néanmoins, le XXème siècle, aidé par le développement technologique des medias audiovisuels, renforcera la dimension attrayante du vampire. Cette attraction est notamment traduite par un désir sexuel supposé accru. En effet, si la vision de Tod Browning demeurait soft, celle de Francis Ford Coppola s’appuiera largement sur des histoires d’amours maudites, absentes de l’œuvre de Bram Stocker. Les femmes vampires y apparaissent par ailleurs plus entreprenantes et donc dangereuses dans ce contexte. De là à associer vampire / femme / sexualité débridée / danger, il n’y a qu’un pas que je n’hésite pas à franchir. Anne Rice, dont les croyances religieuses sont à peine dissimulées dans ses Chroniques des Vampires, met également en scène des relations sexuelles implicites entre Vampire et à fortiori entre le « maître » et son « discipline », entre le créateur et la créature. Cette relation privilégiée Fantasy au Petit-Déjeunerrappelle les relations de couple typique : le lien est quasi exclusif, unique et stable. La relation construit les différents partenaires et plus encore le nouveau vampire. Cette situation rappelle le mythe du pygmalion, notamment développé dans le livre de François de Singly, Le soi le couple et la famille. Dans les productions contemporaines, le vampire est certes déviant, certes en marge de la société. Il n’empêche que la division sexuelle des rôles, le « genre » en sciences sociales, est parfaitement aligné sur les conceptions communes. Certaines relations sont présentées comme dangereuses socialement et pour l’individu. C’est comme si le message implicite de ces mises en scène était : attention, vous êtes peut être en train de faire quelque chose de déviant, mais ce n’est pas sans risque pour vous. En s’adonnant aux pratiques sexuelles déviantes a priori (les relations décrites par Anne Rice sont largement homosexuées. Le Dracula de Coppola relativise l’exclusivité de la relation : Mina y est une femme adultère, tout comme Jonathan ; Lucie tente de charmer plusieurs hommes, etc.), l’individu court le risque de s’y perdre. La déviance sociale est bien tolérée par la société à condition que les individus y reproduisent des rôles sexués, de genre, bien définis. En effet, les rapports sociaux de sexes sont des rapports de dominations, favorisant le masculin.

    Fantasy au Petit-DéjeunerJe n’ai pas lu les récentes productions sur les Vampires, Twilight et True Blood en tête. J’ai en revanche vu les deux premières adaptations cinématographiques du livre de Stéphanie Meyer. A première vue, nous retournons à la distribution typique des rôles sexués. L’homme demeure en position de force et d’initiative. La figure féminine demeure en position de soumission. Lorsque Bela prend une initiative dans le film, c’est pour rejoindre ou assister Edward.

    Dans la première partie, j’avançais l’hypothèse que le mythe du vampire et surtout ses interprétations contemporaines faisaient écho à des volontés d’émancipations. Qu’en est-il ?

     

    S’émanciper oui, mais pour aller où ?

     

    Les différents exemples contemporains de cercles de vampire témoignent de reproductions d’institutions sociales définies. Chaque institution, même déviante à priori, est normée. C'est-à-dire que les comportements et les actes, voire les manières d’interpréter le monde, sont orientés socialement. Comme n’importe quelle forme de communauté, chacun ne possède pas les mêmes ressources. Par conséquent, chacun ne peut pas prendre les mêmes initiatives, ni ne peut agir avec la même légitimité. Cette stratification est notamment verticale.

    Fantasy au Petit-DéjeunerMalgré les différents mouvements sociaux qui ont traversés la société, et au gré des acquis qu’ils ont générés, la société demeure sur un modèle proche du patriarcat. Les institutions mises en scène, de la plus éloignée à la plus proche de l’individu (pour schématiser et pour des vertus pédagogiques, de l’Etat à la famille/couple), reposent majoritairement sur une figure, le plus souvent un homme, détenant l’essentiel du pouvoir. Ainsi, nous avons un président (en France, la parité ne concerne que les ministres a priori), très souvent un chef d’entreprise. Très souvent encore, l’homme demeure le mieux payé à profession identique et conserve symboliquement la position de dominant. Jusque très récemment, nous parlions volontiers de « chef de famille ». Bien sûr, l’adulte domine l’enfant en ceci que ce dernier remet son autonomie au premier. Dans le mythe contemporain du vampire, cette hiérarchie verticale est conservée et reproduite : les vampires les plus vieux sont les plus puissants et influants. Ils sont aussi très souvent des hommes ou des figures masculines. Je ne parle pas de mythes anciens (Lilith par exemple) en ceci qu’aujourd'hui, pour le grand public et donc pour les lecteurs les plus nombreux, ceux-ci sont relativement peu visibles ou en tout cas réservés à un public défini et donc délimité. MaisFantasy au Petit-Déjeuner bien sûr, ils existent et pourraient largement relativiser mon propos.

    Comme je l’ai souligné plus haut, le masculin l’emporte sur le féminin à priori, dans le mythe du vampire mais aussi et surtout dans la société occidentale contemporaine. L’âge est également un élément de domination. Ces deux dimensions, parmi d’autres, participent à la reproduction de rapports de forces horizontaux. Même parmi les vampires d’un même statut, chacun ne possède pas les mêmes ressources. Un exemple qui m’a fait sourire dans Twilight : à âge similaire, le fait de ne pas être végétarien (et donc de ne pas avoir appris à l’être) est élément stigmatisant. Ainsi, au delà de la dichotomie de genre, les rapports de domination reposent sur l’apprentissage de compétences attendues qui, à un moment du parcours de chaque individu,  lui permettront de jouir d’une position hiérarchique supérieur par rapport à ses pairs.

     

    Faire autrement et apprendre à faire autrement : s’émanciper ou revendiquer une identité à soi ?

     

    Fantasy au Petit-DéjeunerPour conclure cette série d’articles sur la déviance, le mythe du vampire et la sociologie, on peut s’interroger sur la dimension émancipatrice de ces productions socioculturelles.

    Est-ce que de telles reproductions de rapports sociaux, même dans des contextes a priori déviants, permettent réellement une émancipation ? Si j’allais plus loin, je pourrais même poser la question de la pertinence de formaliser des groupes de déviants tant ces derniers sont très conformes sur bien des dimensions.

    Je pense profondément que cela est pertinent. Je pense cependant qu’au lieu de considérer le mythe du vampire, et tout autre mythe similaire, comme valorisant l’émancipation de la société, il vaudrait mieux le lire comme une incitation à revendiquer une identité propre. Cette identité peut être mise en scène dans des contextes en marge des organisations sociales typiques et visibles. Il n’empêche que ces dernières permettent à l’individu d’être davantage auteur de son parcours, en « décidant » des contours et de la forme que prendront les rapports de dominations.

     

    Les murmures


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  • Je mets ça ici, juste pour avoir le plaisir de l'avoir sur mon blog, et pouvoir le revoir quand je le veux. Et pour le partager avec vous bien sûr !

    Par contre, si quelqu'un sait quand on a une chance de le voir par chez nous, je suis preneur de l'info. Je vais quand même aller me renseigner...

    A.C. de Haenne


    8 commentaires
  • Tout d'abord, mes plus plates excuses pour cet petit retard ! (Les murmures)

    Introduction

    Comme j’ai tâché de le montrer dans mon précédent article, même les plus marginaux, ou solitaires, vivent au contact d’autres, plus ou moins proches d’eux, créant plus ou moins de liens. Les groupes sociaux déviants de la norme sociale perçue comme commune et admise (re)créent et mettent en scène des codes qui les organisent et qui leur permettent de s’auto définir comme membre de la société. Le rapport aux autres, à la société, et le rapport à soi, sont interconnectés. En effet, de (très) nombreux travaux notamment sociologiques le montrent depuis maintenant des décennies, la société est un cadre normatif dans lequel des mécanismes sociaux sont mis en scènes. Ces normes sociales incluent et excluent, favorisent et limitent, un certain nombre de comportements en société.

    Fantasy au Petit-DéjeunerLes individus construisent de manière dynamique ces mécanismes. Dans l'interaction, ils distribuent des rôles et des opportunités auprès des membres du groupe. La distribution des rôles et des ressources est inégalitaire. En effet, il existe une quantité phénoménale de rapport de dominations entre groupes sociaux et entre individus. Je passe pour l’instant. Disons simplement que l’âge, autant que le statut social, le sexe, son parcours propre, sa place dans le groupe de pairs etc., sont des dimensions créant des rapports de domination. En sociologie, certains nomment ceci la différenciation sociale, ou la stratification. Pour formaliser cette distribution dans l'espace public, les individus mettent en scène ces rôles dans des productions socioculturelles.Fantasy au Petit-Déjeuner Même si je n'affectionne que moyennement les généralisations, disons que toutes les sociétés ont produit, et continuent de le faire, des discours visant à interpréter le monde qui les entoure et à fixer des modèles de rapports sociaux. Les dieux greco-romains, les religions, l'Iliade et L'Odyssée d'Homère, le Xijou-Ji de Wu Cheng-en et j'en passe, sont des exemples de telles productions.

    Bon, j’imagine que certains lecteurs/trices commencent à trouver le temps long. Je n’ai toujours pas parlé de vampires, d’êtres de la nuit, du trop beau Edward, de sa trop belle histoire avec l’autre brune aux yeux asymétriques, ni même de Lestat et encore moins de Dracula. Tout est normal. Le but avoué de cet article n’est pas de faire un historique du personnage du vampire (même si on mettra en évidence des points récurrents bien sûr) ni de prêcher un mode de vie un brin racoleur, pour rester poli. De la manière la plus concise possible, j’essaierai de vous montrer en quoi le mythe du vampire, comme n’importe quel autre mythe, a une fonction sociale définie. En effet,  comme les apports de Claude Levi-Strauss le montrent, le mythe est autant téléologique, ludique et pédagogique.

     

    Le mythe du vampire :

    Ce qui est dit habituellement, une description rapide


    L’ambition de cet article n’est pas de proposer un historique détaillé du mythe,Fantasy au Petit-Déjeuner et encore moins de me lancer dans une interprétation de l’origine des vampires. Le mythe est ici un prétexte à un exposé sur le rôle du mythe en tant que production culturelle, peut être ancienne, mais lue par des contemporains. Je postule que notre lecture du mythe du vampire au XXIème est radicalement différente de celle qu’en faisaient les Serbes du XVIIIème. Il n’empêche qu’il s’agit là d’un mythe tout désigné de la Culture Mauvais Genre. Je ne ferai pas non plus d’historique des vampires réels ou supposés tels (Erzebet Bathory, Peter Kürten, Vlad Tepes, etc.). Je n’y vois pas bien l’intérêt et qui plus est, il existe suffisamment de choses dessus.

    Fantasy au Petit-DéjeunerLe Vampire, en tant que créature mort-vivante de mauvais augure, apparait dans les Balkans au XVIIIème siècle. Peu à peu, le mythe se répandra en Europe Occidentale. Les pays asiatiques, et notamment la Chine, possèdent également un mythe très similaire. Le vampire était alors une conséquence d’un mauvais traitement sanitaire du défunt. Si un rite précis n’était pas respecté, ou si la cause de la mort n’était pas objectivement identifiée, les conséquences à venir pouvaient être funestes. Le XVIIIème siècle était encore une période marquée par les guerres, les maladies, la famine et par des techniques médicales rudimentaires, a fortiori dans des campagnes reculées. Dans le même temps les croyances religieuses, surtout en Europe, étaient le modèle d’interprétation du monde qui dominait. Le Vampire était donc un personnage de mauvais augure, conséquence des insuffisances des humains, et incompatible avec les religions monothéistes.

    Ce n’est que plus tard que le vampire va aborder un visage plus romantique. Le Dracula de Bram Stocker en est l’exemple qui a traversé les siècles. Mais il ne faut pas oublier Maupassant (Le Horla) ou Sheridan Le Fanu (Carmilla) parmi tant d’autres. Le XIXème siècle a pour le moins été prolifique. Le vampire portera alors davantage l’image du déviant, tel que je l’ai exposé dans la première partie de cet article. Membre de la société, mais en marge, il vit selon des codes précis, qu’il a besoin d’acquérir auprès de pairs (ou auprès de l’image qu’il se fait de son rôle). Encore plus proche de nous, Anne Rice a très bien développé cet aspect de « communautés de vampires » à l’intérieur desquels, lorsque le vampire en a la « chance », la créature se trouve en situation d’apprentissage des rôles et du comportement attendus par ses pairs. Encore plus récent, comme l'a montré mon camarade A.C., le cinéma s'est aussi emparé du mythe. Nous pouvons également y ajouter les séries TV.

    En effet, au fil du temps et de la rationalisation des sociétés, le mythe du Fantasy au Petit-Déjeunervampire a perdu de sa portée téléologique. L’interprétation du monde et des conséquences de nos actes ne se font plus nécessairement par les religions ou par ce qui est communément appelé le folklore. Au contraire, depuis le XIXème, la lecture du mythe du vampire peut être considirée comme une lecture de l’émancipation ; celle d’une société qui faitsai la part belle à l’aliénation, supposée ou réelle, de l’individu (le XIXème siècle en Europe est aussi le siècle des révolutions industrielles et de la montée de l’industrialisation du travail). C’est aussi à cette époque que certains représentants des sciences sociales marquent le début des transformations de la famille et du mariage. Je n’entre pas dans ce débat, pourtant passionnant : cela mériterait un vrai développement. J'indiquerai cependant à la fin de la deuxième partie de l'article, une bibliographie succinte.

    Dans la suite de cet article, j’identifierai deux dimensions du mythe du vampire : le genre (féminin/masculin) et les rapports de dominations. J’interrogerai le rôle « émancipateur » du mythe en me concentrant sur les différentes formes des rapports de domination. Enfin, je proposerai ma propre interprétation du mythe, du point de vue contemporain.

    La suite, si tout va bien, dès demain...

    Les murmures


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  • Bon, désolé, c'est en english, mais c'est drôle quand même :

    A.C. de Haenne


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  • Fantasy au Petit-DéjeunerSi vous aimez les livres...

    Si vous aimez les blogs...

    Si vous aimez les concours...

    Si vous aimez Noël...

    Si vous aimez les Lilie...

    Ce concours-là est pour vous !

    Bonne chance !

    A.C. de Haenne


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  • Voici la deuxième partie du texte :

     

    Fantasy au Petit-DéjeunerDans La cité des enfants perdus, Jean Pierre Jeunet et Caro mettent en scène un savant, Krank. Ce dernier souffre chaque nuit de cauchemars si intenses qu’il en devient fou. Entre nous, je pense qu’il n’a pas besoin de ça. Mais passons. Pour soulager sa douleur, Krank fait appel à une armée de doubles, pour qu’ils capturent des enfants, les « enfants perdus » afin de leur voler leurs rêves. Seulement voilà, il s’en est pris à la mauvaise personne. Les enfants perdus s’organisent et vont avoir à cœur de contrecarrer Krank. Le tout se déroulant dans un univers tel que Jeunet et Caro en ont le secret. 

    Dans ce film, il est assez clair que ces enfants n’ont rien des toxicomanes de Becker. Ils seraient plutôt les victimes s’il fallait donner un jugement de valeur. Oui, mais ces enfants sont aussi déconnectés de la société « officielle », certes peu visible dans le film. Il n’empêche qu’ils s’allient, créent une forme de cohésion et se définissent comme Enfants perdus (donc perdus par rapport à quelque chose, à quelqu’un). Ils ne font pas partie du système, mais évoluent en dehors.

    La comédie musicale de Richard O’Brien, The Rocky Horror Picture Show,Fantasy au Petit-Déjeuner est peut être l’exemple le plus complet et probant. Le lendemain de leurs noces, la voiture de Brad et de Janet crève. De nuit, perdus, ils sont « accueillis » par Franck'n Further. Le maître des lieux n’est autre qu’un travesti bisexuel, ayant créé un homme pour satisfaire ses désirs les plus primaires. Après de nombreuses péripéties, nous apprenons que Franck’n Further ainsi que les autres pensionnaires du château ne sont autre que des extra-terrestres. L’histoire se termine tragiquement. Il n’empêche qu’au terme de cette aventure, Brad et Janet se sont intégrés aux mœurs de leur hôte. Vivant en dehors de la société habituelle, le château de Franck’n Further est un premier contexte de déviance, dans le sens commun du terme et dans son sens sociologique. Il est aussi un lieu où Brad et Janet vont en apprendre les codes jusqu’à les accepter, les intégrer, puis les réinvestir. Nous apprenons également que les expérimentations de Francky sont condamnées par ses pairs. Il est donc doublement déviant et ne peut plus revendiquer de pairs auxquels se référer, ce qui le conduit à sa perte.

    Fantasy au Petit-DéjeunerLe roman graphique d’Alan Moore, V pour Vendetta, est parlant également. V est un homme portant le masque de Guy Fawkes, personnage emblématique de La conspiration des poudres qui avait pour objectif la destruction du parlement. V évolue dans un monde fasciste, plus ou moins contemporain du notre. Il vit dans les souterrains du métro londonien, mais n’a pas abandonné totalement certaines pratiques sociales communes (il apprécie l’art, les films etc.) et prend sous son aile, si l’on peut dire, Evey lorsque celle-ci fait face à la sorte de milice faisant « respecter » le couvre feu. Nous n’avons certes pas de groupe de déviants à proprement parler mais cependant une démarche d’émancipation des normes sociales vers une façon de faire plus en accord avec des valeurs qui font sens pour V.

    Enfin, la littérature anglo-saxonne post-seconde guerre mondiale (GeorgeFantasy au Petit-Déjeuner Orwell en tête avec 1984) a également mis en scène un processus de déviance sociale : d’abord intégré à ce qui leur semble la « bonne » manière de faire société, les protagonistes en dévient peu à peu jusqu’à se retrouver en marge de ladite société. Cette démarche connait une fin plus ou moins heureuse.

    Qu’est ce que nous enseignent ces exemples ? D’une part, la déviance ne suppose pas de suppression de la société mais plutôt une redéfinition des normes qui font sens. D’autre part, ces codes s’apprennent au contact de pairs, déjà déviants, qui reconnaissent l’individu en apprentissage comme l’un des leurs. Enfin, au terme de cette « carrière de déviant », l’individu doit manifester une auto-déclaration de son caractère déviant. Il ne suffit pas qu’autrui dise « il est déviant », pour l’être. Le sentiment d’appartenance est essentielle dans cette (auto) définition.

     

    La portée pédagogique de l’art : une histoire ou un manuel ?

     

    Fantasy au Petit-DéjeunerQuelle est la portée d’une telle démarche artistique ? Est-ce « seulement » une histoire, ou bien un exemple des manières de faire « autrement » ? C’est probablement un peu de tout ça à la fois.

    Le discours habituel fait souvent état du rôle cathartique de l’art. On oublie trop souvent son rôle pédagogique, et donc social. En s’exprimant dans des productions artistiques, les individus donnent à voir leurs interprétations du monde dans lequel ils évoluent, et par extension dans lequel évoluent leurs contemporains. Ils confrontent leur vision, et peuvent fédérer autour d’eux d’autres personnes semblables sur une ou plusieurs dimensions de leur identité.

    Les mythes sont un parfait exemple de créations ayant une fonction pédagogique. Et ceci était encore plus vrai à l’époque où le taux d’alphabétisation était quasiment nul. Les dieux grecs, ou les discours théologiques en général, servaient peut être à expliquer l’inexplicable : d’où vient on, d’où vient le monde, la question de la mort, etc. Ils servaient aussi à rendre compte de manière d’êtres en société.

    Parmi la Culture Mauvais Genre, le mythe du Vampire rempli encore aujourd'hui à peu près les mêmes rôles.

     

    Référence bibliographique

     

    Si certain-e-s ont envie de creuser la question de la déviance, de l’art et desFantasy au Petit-Déjeuner sciences sociales. Voici quelques références :

     

    Becker S. Howard (1963) Outsiders, Metailié, Paris

    Becker S. Howard (1988) Les mondes de l’art, Flammarion, Paris

    Goffman Erving (1973) La mise en scène de la vie quotidienne, la présentation de soi, Les éditions de minuit, Paris

     

     

    (A suivre) Partie 2 : Relecture sociologique du mythe du Vampire

     

    Les murmures


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  • L’art comme reflet de la société : interprétation des normes et des déviances

     

    Fantasy au Petit-DéjeunerLa société, dans son sens le plus large, est constituée d’un ensemble de cadres dans lesquels les individus évoluent. Ces cadres, qu’on appelle parfois structures, se retrouvent par exemple dans la famille, le travail, mais aussi dans tout contexte social prétexte à relations. Ce sont différentes facettes de la même pièce. Elles sont donc toutes connectées les unes aux autres d’une manière ou d’une autre. Ces cadres font échos à des normes sociales, orientant les comportements des individus. Communément, on dit que nous sommes éduqués par notre famille. Lorsqu’un parent dit qu’il « élève » son enfant, il ne lui assure pas seulement des biens matériels nécessaires à sa survie. Il lui transmet aussi des codes qui vont lui permettre d’évoluer en société. L’école est aussi un lieu où on a l’habitude de dire qu’on apprend à vivre ensemble. Ces normes sociales possèdent aussi un versant visible publiquement. Faites attention lorsque vous regarderez n’importe quelle publicité ou série TV, parFantasy au Petit-Déjeuner exemple : n’avez-vous pas l’impression qu’on ne vous vend/montre pas plus que ce qui est apparent ? Au-delà du produit même, ces productions socioculturelles sont des interprétations de la « bonne » manière de faire société.

    En reproduisant ces normes en contexte de relations, les individus les confirment socialement. Plus largement, n’importe quel cadre possède son lot de codes, que l’individu doit intégrer pour ne pas se retrouver marginalisé. En sociologie, Howard S. Becker appelle ça « l’étiquetage ». En effet, même s’ils vivent ensemble de manière plus ou moins proche, chacun est un être singulier, possédant son propre parcours et ses propres expériences. Même si l’école ou la famille, par exemple, sont des institutions s’adressant plus ou moins similairement (dans une société donnée, à une époque donnée) à un ensemble d’individus, chacun d’eux n’interprétera pas de la même façon ces codes. Chaque norme sociale ne fera pas sens de la même façon pour n’importe quel individu. Ainsi, si les productions socioculturelles massifiées sont des interprétations des normes sociales perçues comme admises et valorisées, il existe d’autres formes d’interprétations de la réalité sociale : l’art. N’importe quelle production artistique ou créatrice est une interprétation de codes sociaux. Ce sont les motivations du créateur en question qui fera de cette œuvre quelque chose de « normal » (au sens conforme à la norme) ou déviant. Bien sûr, ici, c’est la seconde qui nous intéresse.

     

    La déviance sociologique.

     

    Fantasy au Petit-DéjeunerLa déviance, au sens sociologique, est un concept essentiellement développé par Howard S. Becker dans Outsiders.

    Lorsqu’un groupe d’individus s’écarte de la norme sociale, lorsqu’ils en dévient, la société les marginalise. Erving Goffman, autre sociologue de renom, dira qu’ils sont stigmatisés. Pour son étude, Howard S. Becker décrira avec beaucoup de précision les fumeurs de marijuana et les musiciens de jazz.

    Loin d’être des marginaux, au sens commun du terme, les Outsiders produisent d’autres codes, d’autres normes, sociaux. En d’autres termes, ils font aussi société, mais autrement. Un groupe social « étiqueté » déviant n’est pas dépourvu d’organisation sociale. Au contraire, et c’est là l’autre face de la pièce, ils se définissent par cette organisation, par cette identité de déviant. Ils la revendiquent en ceci qu’elle fait sens individuellement. Comme dans n’importe quel type de relation, les déviants apprennent et remettent en scène des codes : ils se socialisent.

     

    Quelques exemples :

     

    La cité des enfants perdus (Jean Pierre Jeunet), V pour VendettaFantasy au Petit-Déjeuner (Alan Moore), 1984 (George Orwell), The Rocky Horror Picture Show (Richard O'Brien) et bien d’autres.

    Le cinéma, la littérature, les arts graphiques (BD, Graphic Novels compris) regorgent de mises en scène de groupes déviants.

    J’en présenterai très rapidement trois, un pour chaque support. J’y ajoute le Rocky Horror Picture Show, davantage connu pour son interprétation cinématographique mais qui est par ailleurs une comédie musicale.

    Ce ne sont que des exemples servant à illustrer mon propos.

     

    A demain pour la suite...


    Les murmures


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  • Fantasy au Petit-DéjeunerDepuis l'arrivée de Les murmures dans l'équipe du Blog de A.C. de Haenne, vous avez déjà pu constater la qualité des textes du jeune homme.

    D'ailleurs, vous êtes de plus en plus nombreux à venir visiter ces pages, ce qui nous rend extrêmement heureux.

    Ne reculant devant rien, nous avons décidé de vous proposer une approche sociologique de l'art. Rassurez-vous ! On va rester dans les genres qui nous intéressent, c'est à dire ceux qu'on dit mauvais.

    Les deux parties de l'analyse du sieur Les murmures étant assez longues, chacune d'entre elles se trouvera publiée en deux textes.

    Je vous souhaite à toutes et à tous une très bonne lecture...

    A.C. de Haenne


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  • Juste un tout petit billet pour vous annoncer que, après une courte pause en novembre, Donner de la voix revenait ! En effet, le podcast qui avait eu la gentillesse d'accueillir l'un de mes textes publie sa dixième nouvelle : Les damnés du réseau, de Cédric Citharel. Dès que j'en ai la possibilité, je me mets ça entre les oreilles...

    Fantasy au Petit-Déjeuner

    En attendant, bonne écoute !

    A.C. de Haenne


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  • 7

    Eh oui, chers lecteurs du Blog de A.C. de Haenne, cela fait déjà sept mois que je me suis lancé dans cette aventure incroyable et passionnante. Depuis quelques jours, Les murmures m'a rejoint et vous avez déjà pu constater la qualité de ses articles. Je peux d'ores et déjà vous dire que ce n'est rien par rapport à ce qu'il va vous proposer très bientôt. Alors, n'étant pas superstitieux (oui, j'ai toujours dit que ça portait malheur de l'être !), je ne sais pas trop si 7 est un chiffre qui porte bonheur. En tout cas, vous comme moi, nous avons une sacrée veine de pouvoir lire Les murmures sur le Blog de A.C. de Haenne.

    Passons à présent à notre rituel iconographique :

    Fantasy au Petit-Déjeuner

     

    Eh oui, Franck Frazetta n'a pas illustré que de la Fantasy !

     A.C. de Haenne


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