• Grâce à Lhisbei (encore elle !), je me suis inscrit à Masse Critique, l'opération récurrente de critique de livres organisée par le site communautaire Babelio. Juste avant Noël, j'ai reçu un mail me confirmant que j'étais sélectionné pour participer à la neuvième édition. Et, hier, mon cher postier m'a apporté le livre pour lequel je m'étais inscrit : Les Carnets de Victor Frankenstein, de Peter Ackroyd.

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    Pas mal, non ?

    A.C. de Haenne


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  • Voilà déjà la troisième partie de ce passionnant entretien où l'on parle encore de Steampunk, mais pas que...

    4A.C. de Haenne : On confond souvent l'Uchronie (qui est un sous-genre de la SF) et le Steampunk. Même si on peut trouver des points communs, comment distinguer ces deux genres ?

     

    Etienne Barillier : Ah! Le steampunk se moque de justifier le point de divergence qui est sa base uchronique tandis que le projet uchronique se fonde justement sur l'exploration de cette divergence.

    Ainsi le steampunk peut très bien incorporer une explication quasi magique (je pense au très joli Bohème de Mathieu Gaborit) à ce point de divergence. Il peut également ne rien en dire et ne rien en faire, comme si l'auteur nous disait "Nous sommes dans un XIXe siècle déviant, point, passons maintenant à la suite et commençons à raconter une histoire !"

     

    A.C. : Pourrais-tu citer quatre œuvres (tous supports confondus) aux lecteurs du Blog de A.C. De Hænne, que tu juges absolument essentielles ?

     

    E.B. : En roman : La Machine à différence de William Gibson et Bruce4 Sterling.

    En bande dessinée : l'événement de cette fin d'année a certainement été la clôture de la série Le Réseau Bombyce de Cécil. 

    À la télévision : ne ratez pas la diffusion de la troisième saison de Castle dont un épisode se déroule les milieux steampunk new-yorkais...

    Hors catégorie : Boilerplate.

     

    A.C. : Ah oui, j'ai vu cet épisode de Castle, c'était super ! Mais alors, quelles pourraient être les raisons de ces choix ? 

     

    E.B. : Il en faut forcément une ? Ce sont des coups de cœur ! La Machine à différence représente un summum du steampunk, pour finir 4comme un roman cyberpunk dans son dernier chapitre, qui impose une relecture de l'ensemble.

    Le Réseau Bombyce ? Parce que c'est du steampunk qui ne se déroule pas à Paris, mais dans un Bordeaux Art Nouveau absolument splendide, que nous avons dû attendre des années avant que la trilogie se clôture et qu'il est bon d'avoir un steampunk qui ne soit ni pour la jeunesse, loin de là, ni limité à des jeunes femmes en corset accompagnées par des aventuriers qui sentent bon le charbon...

    J'aurais pu citer encore Doctor Who dont le dernier épisode diffusé spécialement pour Noël est une reprise très steampunk de Dickens.

    Comme film, autant évoquer quelque chose que je n'ai pas vu. J'attends4 toujours le film steampunk ultime. Alors ce sera le Sucker Punch de Zack Snyder : Une jeune fille internée dans un asile psychiatrique se trouve plongée dans des réalités déviantes et combat des robots samouraïs durant la Première Guerre mondiale... Comment ne pas être attiré par un tel projet aussi jouissivement barré ?

    Quant à Boilerplate, regardez le site de Paul Guinan et courez acheter le livre !

     

    Les murmures : Le steampunk s'inspire largement de la société occidentale du XIXe siècle, surtout à partir de la première révolution industrielle. C'était des sociétés largement patriarcales, où les principales ressources (financières, sociales notamment) étaient attribuées aux hommes. Or, dans les RP d'inspiration steampunk, il n'est pas rare de 4voir des personnages féminins revendiquer des positions sociales contemporaines. Du coup, on sort de l'uchronie puisqu'on ne prend pas la peine d'introduire un élément justifiant ce changement de direction. Sauf que même dans ce cas, les hommes conservent la plus grosse part du gâteau. Quel serait votre avis sur cette "question", qui est plus une réflexion d'ailleurs ?

     

    E.B. : Quitte à faire du RP, autant jouer un personnage intéressant, non ? Je crois que tout est là. Le RP permet une plus grande liberté dans l'imagination, qui peut se démarquer encore plus dans l'étrangeté matriarcale.

    Le steampunk se déroule dans un cadre historique, mais utilise de nombreux types littéraires. On peut trouver la jeune femme en détresse, l'espionne, mais aussi des personnages historiques comme Ada Byron qui touche au pouvoir suprême dans La Machine à différence, ou la mère courage dans Boneshaker, ou enfin l'héroïne adolescente, comme dans Leviathan de Scott Westerfeld... Les amateurs d'héroïnes steampunk devront se jeter sur le roman de Gail Carriger, Sans âme, à paraître chez Orbit !

     

    A.C. : Il est l'heure à présent de parler du médium par lequel j'ai eu le plaisir de te connaître : le podcast. En effet, depuis presque un an maintenant, tu animes, avec ton compère Laurent Queyssi, Le Palais des Déviants. Comment est née cette idée ? Peux-tu nous en parler afin de le faire découvrir aux lecteurs du blog ?

    La suite, dès demain...

    A.C. de Haenne


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  • Comme promis, voici la deuxième partie de la passionnante interview accordée par le professeur Etienne :

     

    4A.C. de Haenne : Venons-en à présent à ton autre centre d'intérêt littéraire : le Steampunk. Début 2010 sortait, toujours aux Moutons électriques, mais dans la collection de la Bibliothèque des Miroirs cette fois-ci, ton superbe essai consacré à ce genre particulier de l'Imaginaire. Ce livre, j'avais eu l'immense plaisir de le chroniquer ici et . On te sent passionné par ce sujet. D'où te vient cette passion ?

     

    Etienne Barillier : Comme me l'ont confirmé de nombreux lecteurs que j'ai pu croiser, nous sommes nombreux à avoir aimé le steampunk sans savoir ce qu'il était, avant de connaître même son nom. Il y avait toute une sensibilité qui me parlait sans que je sache ce que c'était, d'où cela venait, et ce que cela recouvrait.

    Par bien des aspects, j'ai grandi avec le steampunk, dévorant Jules Verne,4 regardant les Mystères de l'Ouest à la télévision, découvrant les romans chez Mnémos, lisant des bandes dessinées de Tardi, etc.

    En fait, en écrivant le livre, j'ai découvert une cohérence que j'ignorais dans mes propres goûts tout en explorant des territoires dont j'ignorais parfois à peu près tout. Steampunk ! devait être aussi bien un ouvrage de référence qu'accessible pour le lecteur simplement curieux.

    Les vaporistes, les amateurs de steampunk, viennent également d'horizons très différents. Pour certains, c'est la littérature, d'autres le jeu de rôle, d'autres encore le visuel et les arts plastiques. On retrouve ces multiples spécificités dans le steampunk contemporain et dans les différents territoires qu'il explore. Il suffit d'explorer l'activité de la communauté vaporiste francophone sur le forum steampunk-fr ou le site communautaire French Steampunk pour juger de la vitalité du mouvement.

     

    A.C. : Personnellement, j'ai l'impression que le Steampunk est une littérature qui ne s'exprime quasiment que par son esthétique. Qu'en penses-tu ?

     

    4E.B. : Il n'y a pas d'écriture steampunk. C'est pour cela que chaque auteur peut aisément se l'approprier. Il y a par contre des motifs récurrents, comme les rouages, les machines gigantesques, les lunettes de protection, etc. Mais ces motifs ne sont pas des points de passage obligés.

    Car si le steampunk est une esthétique, aisément caricaturale en l'état, il donne des oeuvres qui dépassent cette même esthétique pour imposer leur propre définition du steampunk. Prenons le cas de La Lune seule le sait, de Johan Héliot. L'action n'est pas victorienne et par conséquent le livre ne rentrerait pas dans une définition stricte, normative du steampunk. Les textes que je trouve les plus forts sont certainement ceux qui proposent les variations les plus surprenantes.

    Cherie Priest écrit une série de romans steampunk qui se déroulent dans4 des États-Unis uchroniques, n'hésitant pas à emprunter au roman d'horreur dans Boneshaker (disponible en France chez Eclipse) ou au roman d'aventure dans Clementine.

    Certes, l'esthétique steampunk est forte, prégnante, mais elle a pour originalité d'être fluide et mobile. 

     

    A.C. : Quels sont les thèmes propres au Steampunk et qu'on ne retrouve ni en SF, ni en Fantasy ?

     

    E.B. : Question difficile ! Le steampunk est souvent référentiel, de manière explicite et volontaire. Alors que les romans de SF et de Fantasy restent clos dans leur propre espace fictionnel, le steampunk n'hésite pas s'ouvrir, à réutiliser des procédés, des personnages de fiction comme des personnages historiques. Le steampunk est une littérature de la fiction.

    Ceux qui lui reprochent de n'être qu'un recyclage d'idées, de thèmes et de personnages, ne comprennent pas que le steampunk prend comme matière même ces idées, ces thèmes et ces personnages. Après, bien sûr, cela peut donner des oeuvres plus ou moins réussies, mais c'est une autre question !

    Tu n'auras alors pas de thèmes forts, exclusifs au steampunk. Au contraire, nous sommes devant une ouverture absolue et totale vers les autres genres. Le steampunk peut emprunter aussi bien à la littérature maritime qu'au roman policier, à la science-fiction qu'à la fantasy.

    Le steampunk reprend et condense, cite et développe, explore et révèle. Il est à la fois exploration d'une culture que d'un genre. Il est avant tout récit d'aventures.

     

    A.C. : On confond souvent l'Uchronie (qui est un sous-genre de la SF) et le Steampunk. Même si on peut trouver des points communs, comment distinguer ces deux genres ?

    Voilà, si tout va bien, la suite arrive dès demain...

    A.C. de Haenne


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  • Etienne Barillier est un essayiste que j'ai eu la chance de découvrir grâce au podcast du Palais des Déviants. En ce début d'année, il vient faire un immense cadeau au Blog de A.C. de Hænne en nous accordant une magnifique interview...

     

    A.C. De Hænne : Pour commencer, serais-tu d'accord pour nous donner quelques détails biographiques te concernant ?

     

    4Étienne Barillier : Bien sûr ! Je suis un enseignant, d'une petite quarantaine d'années. J'ai longtemps collaboré à des revues, à des sites d'informations, comme celui de la Yozone, j'ai aussi développé quelques projets personnels sur la toile. En 2006, j'ai franchi le pas de l'écriture en participant au splendide projet de la Bibliothèque Rouge, aux Moutons électriques, en prenant la charge de la biographie de Fantômas. J'ai enchaîné en me lançant dans la rédaction de Steampunk !, cette fois pour la nouvelle collection d'essais du même éditeur.

     

    A.C. : Au début du mois de décembre, tu étais à Elven, pour le Festival des Littératures Populaires. À cette occasion, tu as donné une conférence sur Fantômas. J'ai eu l'immense plaisir de t'entendre via un podcast proposé par le site d'ActuSF. Peux-tu nous donner plus de détails sur cette manifestation ?

     

    E.B. : Il s'agit d'une manifestation annuelle qui dure le temps d'un4 week-end. Elle est constituée d'une première journée, ouverte au public, avec des communications portant sur un thème unique. Le deuxième jour est un petit salon du livre, dédié à cette littérature que nous aimons tant. L'édition de cette année était consacrée au centenaire de Fantômas, le Maître de tous et de tout ! J'ai eu le plaisir d'en être l'invité d'honneur, d'y rencontrer de nombreux amateurs et érudits, aussi sympathiques que passionnés.

     

    A.C. : Tu as publié « Les Nombreuses Vies de Fantômas » dans la collection de la bibliothèque rouge des Moutons électriques. Que peux-tu nous dire de ton intérêt pour ce grand antihéros de la littérature populaire ?

     

    4E.B. : Ah. Fantômas, je le fréquente depuis ma jeunesse. Il représente une figure unique en littérature, aussi bien par son rythme d'écriture incroyable - trente-deux romans publiés en trente-deux mois - que par la figure du Mal absolu qu'il incarne. Il est dans notre culture nationale, dans notre imaginaire collectif, comme une référence permanente, mais un peu oubliée, car les livres ne sont plus tellement lus.

    Les gens savent que le Fantômas des films de Jean Marais et Louis de Funès n'est qu'une pantalonnade, qu'il y a autre chose derrière, quelque chose de bien plus violent, drôle et terrible.

    Fantômas est un personnage qui a rencontré un immense succès populaire tout en étant une référence dans les milieux intellectuels surréalistes. Fantômas apparaît aussi bien chez Queneau que Magritte, Cendrars qu'Apollinaire. La création de Pierre Souvestre et Marcel Allain demeure comme un jalon incontournable de la littérature populaire de la Belle Époque. Il revient au cinéma bientôt avec Christophe Gans derrière la caméra. Je suis curieux de découvrir les premières images.

    Le Maître du crime va sûrement frapper de nouveau. Mais où ?

     

    A.C. : Pour écrire cet essai, tu as dû lire les 32 romans de la série écrite4 par Pierre Souvestre et Marcel Allain. Tous ne sont pas disponibles en librairie. Comment t'es-tu procuré l'œuvre complète ?

     

    E.B. : Les seize derniers romans sont disponibles dans deux volumes dans la collection Bouquin, avec un important travail éditorial de Francis Lacassin. Il s'agissait alors de compléter les seize premiers volumes qui étaient encore distribués à l'époque. Malheureusement ils ne le sont plus ! On les trouve aisément chez des bouquinistes, chez Abebooks bien sûr dans diverses collections. Mais attention : certaines se vendent à prix d'or !

    Espérons que Bouquins complète l'intégrale. L'année 2011 serait idéale pour ça.

     

    A.C. : En écoutant ta conférence, et celles des autres intervenants, il y avait une question qui me brûlait les lèvres. Je sais qu'il y a eu une adaptation cinématographique signée dès 1913 par Louis Feuillade. Que penses-tu de celle de 1964 avec Jean Marais et de Funès ?

     

    4E.B. : Je l'aime pour ces qualités et ses défauts. Ce sont des comédies populaires qui n'ont qu'un rapport lointain avec les romans. Les films n'ont même que peu de liens de l'un à l'autre, avec une continuité limitée au retour du trio de personnages principaux, tandis que les personnages secondaires disparaissent d'un épisode à l'autre.

    Il est intéressant de voir comment certains thèmes des romans apparaissent en filigrane, s'imposant presque sur des scénarios assez convenus, pour ne pas dire médiocre. Je pense au thème du double, avec le personnage de Fantômas auquel Jean Marais prête son corps et sa gestuelle, tandis que la voix est celle de Raymond Pellegrin. Il est dommage que les films n'aient pas tenté, même un peu, d'aller vers des territoires plus ambitieux.

    Les films sont rapidement devenus des véhicules le génie comique de de Funès, sur fond d'une parodie gentille des films de James Bond.

    Les films de Louis Feuillade sont par contre des merveilles... aussi bien4 pour le style de Feuillade, que pour la fidélité des adaptations. Le coffret DVD édité par Gaumont est indispensable dans toutes les vidéothèques dignes de ce nom.

     

    A.C. : Venons-en à présent à ton autre centre d'intérêt littéraire : le Steampunk. Début 2010 sortait, toujours aux Moutons électriques, mais dans la collection de la Bibliothèque des Miroirs cette fois-ci, ton superbe essai consacré à ce genre particulier de l'Imaginaire. Ce livre, j'avais eu l'immense plaisir de le chroniquer ici et là. On te sent passionné par ce sujet. D'où te vient cette passion ?

     

    Voilà, c'est tout (?) pour aujourd'hui. La suite arrive dès demain...

    Je signale ici que la photo d'Etienne a été réalisée par René-Marc D., qu'elle est sous license Creative Commons (désolé pour la transformation), et que vous pouvez voir l'ensemble des photos sur le site SF.mécréants...

    A.C. de Haenne


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    À 20 ans, Martin Terrier était pauvre, esseulé, inculte et crétin. Mais pour changer tout cela, il avait un plan de vie beau comme une ligne droite. À 30 ans, Christian Terrier, tueur à gages, sa dernière mission accomplie, impeccablement ou presque, décide de se retirer, de congédier sa régulière en cinq minutes, lui faisant cadeau de son chat Soudan, de récupérer son fric bien placé, et de rentrer au pays pour couler des jours tranquilles avec sa promise, en tout cas celle qui lui avait promis de l'attendre... Seulement, Alice Freux, est devenue Madame Schrader. Cox, l'Américain, son donneur d'ordres depuis 10 ans, n'accepte pas son départ à la retraite décidé unilatéralement, et entend bien l'obliger à un dernier contrat. Quand il retrouve Faulques, son conseiller financier, pendu, suicidé sous le poids des mauvais placements, les carottes sont cuites pour lui. Alors autant accepter la proposition de Cox, dont il semble de toute façon bien impossible de semer les sbires. Après tout qu'a-t-il encore à perdre? Sans doute bien plus qu'il ne le pense.

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